0 avis
Bac (passage d'eau) sur la Gartempe à Nalliers, aujourd'hui jardin public et aires de pique-nique
Historique
Un bac est figuré sur la carte de Cassini à Nalliers.
Le bac de Nalliers figure dans la liste des bacs du département de la Vienne du 17 thermidor an XII (5 août 1805).
En 1837, un projet de bac (bateau de 8m90 de longueur et 2m61 de largeur, 57 cm de hauteur de bordage au milieu) à construire est approuvé par le préfet le 25 septembre. Un impôt spécial est levé sur les plus imposés de la commune. Une proposition de tarifs est envoyée à l'administration des ponts-et-chaussées le 5 octobre. Des bacs très proches de bac sont dessinés par l'ingénieur Favre-Rollin et commandés à Pierre Jouteau, charpentier à Chauvigny, à Busserais, Nalliers et Jouhet.
Le 11 juin 1838, une ordonnance du roi rend applicable au passage d'eau de Nalliers le tarif du passage d'eau de Saint-Pierre-de-Maillé.
Le 18 décembre 1838, le maire informe l'ingénieur que la construction du bac est terminée ; les travaux sont provisoirement réceptionnés le 21 décembre.
Suite à un rappel à l'ordre, le maire certifie le 21 août 1839 que les équerres en fer qui manquaient au bac ont été mises.
Un état du matériel est dressé le 10 juillet 1840. Le 22 août, le préfet envoie un mémoire pour honoraires d'expertises avec un relevé des dimensions du bac [voir annexe].
Le 24 juin 1841, le préfet demande à l'ingénieur en chef son avis sur une estimation donnée au bac, qui lui paraît trop faible.
Le 17 janvier 1842, le préfet prie l'ingénieur en chef de rechercher le dossier du bac qui ne se retrouve pas à la préfecture ; le 28 février, le préfet demande l'avis de l'ingénieur en chef sur le montant du mémoire déjà proposé le 22 avril 1841 ; le 24 mai, il demande à nouveau une copie d'un rapport de l'ingénieur ordinaire du 29 juillet 1841.
En 1844, un conflit oppose Fruchon, fermier du bac, et le vicomte Duvigier, usinier à Busserais, (et propriétaire d’autres moulins) à propos des niveaux d'eau ; ce conflit semble lié au projet de construction d'un nouveau moulin par M. Fruchon à Saint-Germain (projet abandonné et reporté quelques années plus tard sur la rive opposée, voir le moulin de la Gassotte à Saint-Savin), qui fait concurrence à ceux de Duvigier.
Le 9 février 1846, le préfet demande un rapport sur le fait que l'ancien fermier n'a porté que 90 francs alors que le bail relevait auparavant de 170 francs.
Le 1er janvier 1850, une description précise et une estimation du matériel sont dressés par l'ingénieur [voir annexe]. Étienne Barbara devient fermier du moyennant le prix annuel de 17,00 francs (bail du 1er janvier 1850 au 31 décembre 1858).
Au milieu du 19e siècle, la mairie est indiquée sur un plan des accès au bac comme étant installée dans le manoir de la Caillerie. C'était probablement son emplacement jusqu'à la construction de la nouvelle mairie-école sur la rive opposée de la Gartempe, où se trouve également l'église. Cela explique la demande du marie en 1857, d'introduire la franchise de passage pour les conseillers municipaux allant au conseil, pour les électeurs allant aux élections, ainsi que pour les répartiteurs appelés à fournir des renseignements. Il insiste également sur l'inconvénient des délais d'attente pour la traversée.
D'après le registre des augmentations-diminutions du cadastre, un bâtiment est construit par l'administration des ponts et chaussées en 1853.
Les années suivantes, les procès-verbaux de visite annuelle permettent de voir l'état des bateaux et du passage d'eau (goudronnage, affichage des tarifs, marquage de la ligne de flottaison, remplacement de courbes au bac, etc.).
Comme les 28 autres passages d'eau du département de la Vienne, le passage d'eau de Nalliers est remis en fermage pour 9 ans à partir du 1er janvier 1859 pour une redevance annuelle de 18 francs. Le bateau est en mauvais état (mais moins mauvais que celui de Busserais). L'ancien fermier, Étienne Barbara, doit payer à l’État une moins-value du matériel du bac de 280 francs. La commune, représentée par son maire, M. Gervais, devient fermière du bac. Le matériel comprend :
- un grand bac de 8m90 de longueur et 2m61 de largeur, 57 cm de hauteur de bordage au milieu ; " les chevets sont garnis chacun de deux assemblages en fer formant T [...] " ; il a été construit sur fonds communaux en février 1837 et peut transporter 50 personnes, y compris les deux mariniers, ou 4 chevaux, mulets, bœufs, vaches etc. ; il est équipé de 2 chaînes d'amarrage de 3m05 de long et de 3 perches dont 1 ferrée ;
- un batelet de 6m de long sur 1m40 de large, les bordages ont 48 cm de hauteur au milieu et les chevets sont également garnis d'assemblages en fer ; il peut transporter 10 personnes, y compris les deux passeurs ; il est équipé de 2 chaînes d'amarrage de 2m95 de long et de 2 perches dont 1 ferrée ;
- 3 poteaux d'amarrage et 5 perches ferrées ;
Le 29 mars 1859, l'ingénieur Boisson dresse un plan des berges de la Gartempe et dresse un métré et une estimation des travaux à faire pour la construction des rampes d'abordage de bac de Nalliers (900 francs). Ces travaux sont refusés par le préfet dans une note du 6 août [voir annexe].
Le 2 janvier 1861, suite à la suppression du passage d'eau de Saint-Pierre-de-Maillé, le bac de Barbusseau à Saint-Pierre-de-Maillé et ses pontons sont vendus par les domaines à la commune de Nalliers, fermière du bac, pour la somme de 320 francs. Ce bac est équipé d'accessoires appartenant à l’État (deux chaînes d'amarrage de 3m05 de longueur et de trois perches ferrées). Il a été réparé et goudronné à son arrivée, ainsi qu'en témoigne le rapport de visite du 22 mai 1861. A ce moment, les mariniers sont Sylvain Griffon, sous-fermier, et ses aides Louis Pageneau et Jacques Vallé.
En conséquence, le bac décrit dans les arrêtés pour le bail commençant en 1859, mesurant 8m90 de long sur 2m61 de large au milieu, " complètement hors d'usage " a été vendu par les domaines en mars 1862, ainsi que le batelet. Le service du bac de Nalliers est désormais assuré par deux mariniers disposant de trois bateaux :
- un grand bac de 10m30 de longueur, 3m20 de largeur au milieu, 2m50 de largeur aux chevets, appartenant à l’État, " estimé à 300 francs, auquel il a été fait 203,73 francs de réparations et qui a coûté 100 francs de transport entre Maillé d'où il vient et Nalliers où il est " ; il est équipé de cinq perches, dont deux ferrées, et un cadenas ;
- un bateau passe-cheval de 6m50 de longueur, 1m80 de largeur au milieu, 1m25 de largeur aux levées, appartenant à la commune ;
- un batelet de 6m de long sur 1m41 de large, en mauvais état (rapports de 1861 et 1862) et dont le remplacement sous deux mois est exigé par arrêté préfectoral du 26 septembre 1862. Il est remplacé par un batelet décrit au PV du 28 janvier 1863 (non retrouvé) appartenant au sous-fermier Antoine Bruneau, avec deux perches ferrées et un cadenas.
Le passage reste peu aisé, les abords du bac ne sont pas aménagés et il n'y a pas de pontons.
L'arrêté préfectoral du 12 février 1861 exige le calfatage et le goudronnage du passe-cheval, le marquage des lignes de flottaison, la pose des bornes de limite du port et d'équiper les bateaux de sièges. Une traille est achetée par l’État pour le bac de Nalliers en septembre 1861. D'importants travaux, pour plus de 620 francs, ont été réalisés sur les rampes d'abordage suite au rapport sur la dangerosité des accès du bac.
Le procès-verbal de visite du bac le 16 mai 1863 note que " le goudronnage du bac n'a pas été effectué, ce bateau prend l'eau, surtout lorsqu'il est chargé, et il y a lieu de prescrire une réparation générale, notamment sous le rapport du calfeutrage. Les autres bateaux sont en bon état mais il n'y a pas de pontons ". En conséquence, l'arrêté préfectoral du 7 juillet 1863 demande à la commune, fermière du bac, de calfeutrer et de goudronner le bac ainsi que de régler les réparations et additions faites au matériel par devant le conducteur des ponts-et-chaussée de Montmorillon sous un mois. Le conducteur de travaux note que depuis son arrivée à Nalliers, le bac a coûté à l’État 345 francs de nouvelles réparations et " un câble en fil de fer au prix de 745,28 francs, y compris son transport d'Angers à Saint-Savin ". Par arrêté préfectoral du 30 novembre 1863 (suite à la visite du 28 octobre), la commune, fermière du bac, est à nouveau mise en demeure de payer les travaux prescrits en 1862 (prise en charge des réparations et additions faites au matériel) et de remplacer les pontons et goudronner le batelet avant le 1er avril 1864. Lors de la visite du 28 octobre 1863, le maire a fait savoir qu'il refusait la prise en charge de la traille achetée par l’État tant que les chemins d'accès et cales d'abordage ne seront pas corrects, attitude que déplore l'ingénieur Delafons qui contresigne le procès-verbal de visite.
Le procès-verbal de visite du 26 avril 1864 note que les pontons sont toujours manquant mais que le batelet vient d'être goudronné.
Le procès-verbal de visite du 21 octobre 1864 note que les bateaux sont en bon état, le passe-cheval et le batelet sont munis de sièges, mais les rampes d'abordage manquent toujours. L'ingénieur est d'avis de prescrire à nouveau la construction de pontons (cf. arrêté du 30 novembre 1863), à exécuter d'office en cas de refus.
Par arrêté préfectoral du 10 juillet 1865, suite à la visite du 12 mai, la commune, fermière du bac, est mise en demeure de remplacer une courbe du grand bac avant le 1er septembre 1865. Elle reçoit pour ce faire des palâtres et des gavets (valeur 34 francs).
La visite du 12 mai 1865 met également en avant l'existence d'un conflit d'usage avec le moulin voisin, suite au surhaussement du barrage.
Le 30 octobre 1865, le conducteur de travaux note que les pontons manquent toujours, ainsi que les cales d'abordage. Pour l'ingénieur Lecompte, la construction des rampes d'accès doit être réalisée par la commune, fermière du bac. Une courbe manquant au grand bac a été remplacée.
Par arrêté préfectoral du 29 novembre 1865, faisant suite à une visite du 30 octobre, la commune, fermière du bac et représentée par M. Gervais, son maire, est mise en demeure de goudronner les bateaux et la traille avant le 1er avril 1866.
En 1866, la traversée est assurée par le grand bac appartenant à l’État, un passe-cheval appartenant à la commune et un batelet appartenant au sous-fermier Antoine Bruneau. En avril, le grand bac est signalé comme ayant été vendu à la commune par les domaines.
Suite à une visite d'avril 1866 et par arrêté préfectoral du 14 juin 1866, la commune, fermière, est mise en demeure de remplacer un bord et une courbe du grand bac et de le goudronner avant le 31 juillet 1866.
Lors de la visite d'avril 1867, le conducteur des Ponts-et-Chaussées note que la construction des cales d'abordage, prescrites par arrêté du 17 janvier 1867 suite à la visite du 30 octobre 1866, n'ont pas été construites. Les abords du bac sont tenus dans un état de propreté aussi bon que possible vu le manque d'aménagement. Les rampes d'abordage sont toujours aussi impraticables aux voitures du fait de leurs grandes pentes. Les travaux doivent être réalisés, ainsi qu'un dragage de la vase sur la rive gauche. Le maire répond qu'il est conscient de la nécessité de réaliser ces travaux, mais la commune n'en a pas les moyens. Un nouvel arrêté de mise en demeure de réaliser ces travaux a été proposé à la signature du préfet au mois de mai. Le matériel, composé d'un grand bac de 8m90 de longueur et 2m61 de largeur, avec deux chaînes d'abordage et 3 perches, a été vendu, sauf les perches. Le service est désormais assuré par un passe-cheval appartenant à la commune et un batelet appartenant au fermier, tous deux munis de sièges (dont l'installation avait également été prescrite par l'arrêté du 15 janvier 1867). Le 16 décembre, le préfet exige par arrêté le remplacement d'une courbe au grand bateau et de mettre les pontons en place, sur rapport de l'ingénieur Lecompte le 21 mai, qui souligne aussi que la commune refuse toujours, faute de moyens financiers, de construire des rampes d'abordage. En mai 1868, par arrêté, le préfet exige à la commune le versement de 175,13 francs pour moins-value du matériel sur la période où elle a été fermière du bac (1er janvier 1859 au 31 décembre 1867). La valeur du matériel est désormais évaluée à 397 francs.
Par arrêtés du 28 décembre 1868 et du 18 juin 1869, le préfet demande à la commune de mettre la traille en place (le câble de 65 kg a été remis à la commune en mai 1868), de goudronner les supports et d'approprier les rampes d'abordage. A la fin de l'année 1869, il est souligné que le passe-cheval a besoin de grosses réparations et que la traille n'est toujours pas mis en place. Le batelet, qui appartenait au précédent sous-fermier, a été retiré dans le courant de l'année 1868 et jamais remplacé par la commune, bien qu'inscrit dans le cahier des charges du fermage. Aussi, un arrêté préfectoral du 23 décembre 1869 demande à nouveau à la commune de fournir un batelet et de mettre la traille en place.
Le 20 juin 1870, suite à l'avis du conducteur de travaux le mois précédent, l'ingénieur ordinaire Lecompte, dans un rapport adressé à l'ingénieur en chef concernant plusieurs bacs, précise qu'il a pris les mesures pour replanter le poteau délimitant le port, ce qui n'empêche pas l'arrêté préfectoral du 2 juillet 1870 d'exiger que la commune, fermière du bac, achève les rampes d'abordage, replante le poteau de limite du port en amont et réalise de grosses réparations au passe-cheval (" remplacer 15m de bordures, 3 courbes et 10 m de palâtres ") avant le 15 juillet 1870.
En avril 1871, le conducteur de travaux note que " le chemin vicinal menant au passage est terminé " (il y avait eu un crédit de 300 francs en début d'année 1870), mais pas l'accès aux rampes du bac, qui reste difficile.
L'arrêté préfectoral du 22 septembre 1871 exige de mettre en plan la traille et ses supports avant le 1er janvier 1872. Le 29 janvier, le 25 juin puis le 31 décembre 1873, l’État menace la commune de faire exécuter à ses frais les travaux prescrits et non réalisés depuis 1872. Cette menace semble n'avoir pas été mise à exécution, mais les travaux pas réalisés non plus puisque, en 1874, l’État demande à nouveau à la commune de mettre en place les limites du port et d'afficher les tarifs (arrêté préfectoral 11 juin), puis de réparer les cales d'abordage et de construire un nouveau passe-cheval (arrêté préfectoral du 9 décembre).
De mai 1872 à mai 1873, le sous-fermier est Louis Renaud, qui ne sait pas plus lire que son successeur, Boutet (cité jusque octobre 1876). En novembre 1876, il est décrit comme " un homme violent. Par suite de la plainte de plusieurs passagers " ; il a été condamné deux fois (une fois déjà signalée en mai 1875) et le maire ne souhaite alors plus lui renouveler le sous-fermage.
En novembre 1874, le passe-cheval est décrit comme " usé mais [pouvant] encore servir quelques mois ".
L'arrêté préfectoral du 7 juin 1875 exige la réparation des cales d'abordage (déjà demandé par arrêté du 9 décembre 1874) et de mettre des palâtres de chaque côté du grand bac et du batelet. Des travaux par un ouvrier charpentier sont enfin constatés en novembre 1875.
La commune est mise en demeure de rendre étanche le grand bac et le batelet et de goudronner la traille et son support (arrêté préfectoral du 10 juin 1876).
En avril 1877, le fermier du bac est mis en demeure de mettre en place de deux poteaux de limite du port.
Le bail à ferme est supprimé le 1er mars 1882, suite à la mise en service du pont.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 19e siècle (incertitude) |
---|---|
Auteurs |
Auteur :
Favre-Rollin Ingénieur ordinaire des Ponts-et-Chaussées en 1841 (bac de Busserais) Auteur : Jouteau Pierre, charpentier (attribution par source) Personnalite : Fruchon Auguste, habitant célèbre (attribution par source) |
Description
Le passage d'eau de Nalliers était aménagé sur la Gartempe quelques dizaines de mètres en amont du moulin. Les rapports des ingénieurs permettent de se rendre compte de l'évolution des travaux et du matériel (voir historique et annexes).
Sur les deux rives, l'espace est désormais occupé par une aire de loisir.
Détail de la description
Toits |
|
---|
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
---|---|
Référence du dossier |
IA86010404 |
Dossier réalisé par |
Dujardin Véronique
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire |
Cadre d'étude |
|
Aire d'étude |
Pays Montmorillonnais |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2017 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Bac (passage d'eau) sur la Gartempe à Nalliers, aujourd'hui jardin public et aires de pique-nique, Dossier réalisé par Dujardin Véronique, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/029ccf42-611e-4770-976d-e925be372c10 |
Titre courant |
Bac (passage d'eau) sur la Gartempe à Nalliers, aujourd'hui jardin public et aires de pique-nique |
---|---|
Dénomination |
bac |
Destination |
jardin public |
Statut |
|
---|
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Nalliers
Milieu d'implantation: en village